Algéria, une suite d'incantations parce que rien d'autre ne marche

UNE COPRODUCTION THÉÂTRE DE LA JOLIETTE-MINOTERIE / THÉÂTRE DE AJMER (MARSEILLE).

  • Ici, on ne prononcera jamais « femme », on dira « con ». Le texte de Kathy Acker commence par cela : «CON», signifiant de la femme. Shootée à Burroughs, à Sade et à Jean Genet, Kathy Acker est un ovni de la littérature américaine : une punk. Inadaptée, gouine, nymphomane, tatouée, jouisseuse, insatiable de violence et de peines, Kathy Acker – comme avant elle Büchner, Guyotat et Pasolini – plante une langue de fou dans la gorge des peuples oubliés, des colonisés, des sacrifiés, des torturés, des suicidés. Si elle n’est pas auteure de théâtre, Kathy Acker sait en revanche manier, compulsivement et avec génie, tous les outils de son temps qui s’offrent à elle (cinéma, théâtre, vidéo, journalisme, pamphlets, romans, tags, cut-up) pour raconter la fureur du monde. Reagan et Tacher régnaient. Ulrike Meinhof et Bobby Sands allaient bientôt mourir.   @Orgasm Addict
  • Franck Dimech et le Théâtre de Ajmer mettent en images Kathy Acker, figure culte et incontestable phénomène littéraire de la Blank Generation, dans une performance répétée dans l’urgence, riche et audacieuse. La performance de Franck Dimech, Anne-Claude Goustiaux, Peggy Péneau et Christophe Chave met en jeu l’écriture terroriste de l’icône punk et pro-sexe Kathy Acker, polaroïd d’une époque où un Mick Jagger grotesque, symbole d’un désir si atrophié qu’il ne peut plus se rassasier, s’interroge tel Hamlet : « I can’t get no satisfaction, but I try… » L’aliénation, le terrorisme moral, le mensonge infantilisant s’exposent à travers un vaudeville porno trash hilarant où les phallus se montrent en breloques ridicules tandis que les cons conspirent à répandre un antidote, un sida mental pour détruire les métastases étouffant notre corps-âme. « La littérature est ce qui dénonce et taille en pièces la machine de répression au niveau du signifié. » (Kathy Acker) Visée éthique dont la croyance, le profond désir, est notre intime réveil, notre redressement.                                                                                                                                                                                    @Olivier PUECH, Rubrique Sur les planches, le 10 Mai 2017 / Ventilo n° 39.

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