« Cyrano de Bergerac » est une pièce-culte, sans doute l’une des plus adulée du public français. C’est aussi la seconde création que je mène avec l’excellente troupe du Dream Theater à Macao, après « Roberto Zucco » de Bernard-Marie Koltès en 2015. Écrite par Edmond Rostand en 1897 qui la pensait vouée à l’échec, elle a produit une déflagration dans l’imaginaire collectif, tant par la puissance poétique des mots qui l’expriment que par l’histoire douloureuse qu’elle nous livre. Inspirée d’un vrai personnage qui vécut au XVIIème siècle – Cyrano Hercule Savinien de Bergerac, militaire, libre-penseur, homosexuel et poète – la pièce nous entraîne dans une fresque à la fois historique (la France de Richelieu où les pouvoirs hégémoniques s’affrontent) et intime (la quête d’un inaccessible amour).

Cyrano aime Roxane qui aime Christian. L’un est difforme, l’autre est beau. Le premier sait trouver les mots qui vont droit au cœur, le second est un piètre orateur. A eux deux, ils forment l’homme parfait. Engagés dans un pacte infernal dont on ne revient pas indemne, Cyrano sera la voix de l’amour et Christian, l’objet clinquant du désir de Roxane.

D’une comédie héroïque, on glisse, subrepticement, vers une tragédie de l’ombre. Et, inexorablement, une lame de fond nous emporte vers les larmes.